Dans le cadre du numéro 96 de la revue Hermès « Le Temps des incommunications » coordonné par Franck Renucci et David Rochefort, Nicolas Peyre (avec Gilles Rouet) s’est entretenu avec Jérôme Bonnafont, ambassadeur, représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente française près les Nations unies à New York. Il a précédemment occupé, entre autres, les fonctions de représentant permanent de la France auprès de l’Office des Nations unies à Genève et des organisations internationales en Suisse et celles de conseiller du président de la République pour les affaires multilatérales puis porte-parole de 1997 à 2007. Il a notamment été associé à la négociation de la Convention de l’Unesco sur la diversité culturelle.Jérôme Bonnafont est l’auteur de Diplomatie, pour quoi faire ? (Odile Jacob, 2022).
Les temps de la diplomatie
Nicolas Peyre et Gilles Rouet : Quelles réflexions générales vous inspire la question de la relation entre la diplomatie et le temps ?
Jérôme Bonnafont : Le temps est un terme peut-être un peu trop général : je préfère parler de temporalités. Il en existe différentes en diplomatie selon que l’on évoque une situation immédiate, un moment ou une époque.
Il y a d’abord les situations immédiates – et nous en vivons une très particulière avec l’arrivée de la nouvelle administration Trump par exemple –, celles qui vous placent dans l’urgence. Ce sont des crises durant lesquelles
vous n’avez pas forcément en main les éléments dont vous auriez besoin pour réagir de façon optimale. Mais vous êtes obligé d’agir. C’est la gestion de crise, première modalité de l’action diplomatique. Il s’agit, quand les choses s’ébranlent autour de vous, de réagir instantanément et de construire des réponses aussi adaptées que possible. Pour y parvenir, vous avez besoin, premièrement, d’une capacité d’anticipation et, deuxièmement, de l’appui d’un système solide. Sans cela, vous êtes livré à la tempête.
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