École de droit de Toulouse

Lorsqu’il commence à présenter la notion de champ dans ses séminaires pour les chercheurs de son laboratoire, au début des années 1970, Pierre Bourdieu souligne qu’elle est une notion simple difficile à mettre en pratique. Or, force est de constater que l’élaboration constante de la sociologie des champs a donné davantage lieu à des discussions théoriques qu’à des réflexions méthodologique. Cela peut rendre difficile l’appropriation de ce cadre théorique, qui apparait « imposant », par les jeunes chercheurs.

Ce séminaire souhaite offrir un cadre pour réfléchir collectivement à la mise en l’œuvre empirique des préceptes et des concepts de la sociologie des champs. L’enjeu est de traduire les questions, les problèmes et les hypothèses que la notion de champ emporte avec elle en actes concrets de recherche, en pratiques de l’enquête. Autrement dit, il s’agit de travailler et de retravailler nos gestes d’enquêteurs afin de collecter les matériaux empiriques permettant une sociologie des champs.

Concrètement, il s’agira de répondre à une série de questions plus ou moins classiques : comment repérer un effet de champ ? Comment construire et mesurer la distribution d’un capital dans un champ ? Comment appréhender les frontières des champs ? Comment saisir l’habitus d’un enquêté ? Comment décrire les relations entre champs ? Comment faire la part des forces du champ d’autres forces sociales, institutionnelles par exemple ?

Ces questions empiriques, générées par des constructions conceptuelles, seront abordées en s’appuyant sur la lecture à la fois des développements de la sociologie des champs les plus avancés de P. Bourdieu et des mises en œuvre pratiques plus récentes, y compris critiques.