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Hommage à Monsieur le Professeur Claude Gour

8 mars 2019

"Claude Gour était né à Montpellier en 1930. Docteur d' État (1958), professeur de droit public, il a enseigné dans les Universités d'Aix-en-Provence, Toulouse 1 et Pnom-Penh. Il a présidé notre Université entre 1992 et 1996, a été ensuite recteur de l'Université d'Amiens. Il avait pris sa retraite en 1998. Tous ceux qui l'ont connu garderont le souvenir d'un homme de grande distinction, de parfaite courtoisie et doté d'un" humour astucieux", selon le témoignage d'un collègue qui le connaissait bien.

Hommage à Claude Gour (16 février 2019 – Eglise Saint Exupère)

Evoquer Claude Gour, même quand on le connaissait depuis près d’un demi-siècle, n’est chose ni aisée ni simple. Il s’est toujours attaché à mettre une distance, à se protéger. Il maniait l’autodérision avec un talent consommé. A le croire, il n’aimait pas enseigner, il n’aimait pas écrire, il n’aimait pas enseigner. A y regarder de plus près, il a suivi de près pas mal d’étudiants avec beaucoup de discrétion, il a beaucoup écrit, pas tant des livres, que le droit cambodgien à la demande du gouvernement de Pnom Penh, se chargeant d’expliquer inlassablement les grands principes de droit public. D’ailleurs son meilleur ami cambodgien l’appelle toujours « le Prof ».

Rien à voir avec l’indifférence qu’il affichait souvent, mais dont on décelait la posture lorsqu’on travaillait à ses côtés comme je l’ai fait au moment où démarraient les programmes d’échanges étudiants.

Sur un plan plus personnel, nos enfants ont le même âge, ont joué ensemble ici et ailleurs quand ils étaient petits. Si le discours officiel était de surtout ne pas s’attendrir, d’autant que Claude n’était pas de la génération des papas-poules, il fallait le voir en fusion d’amour avec ses trois petits mecs, ce qui n’excluait pas des remarques en coin. Pourtant, il ne fallait surtout pas céder à ses sentiments et coûte que coûte, particulièrement après un bref instant d’abandon, il convenait de se draper dans une sorte d’indifférence amusée quand elle n’était pas carrément sarcastique.

Quel art de la façade en trompe l’œil, car même s’il s’en défendait, il vivait des sentiments profonds dont les destinataires n’ignoraient finalement pas : il a adoré sa mère, parlait de ses cousines avec une infinie tendresse quitte à lancer une petite pique à la cantonade pour qu’il ne soit pas dit que …

L’Asie l’a fasciné et il avait tissé des liens très forts avec le Cambodge, où il a eu son premier poste d’agrégé. Il a su se dépenser sans compter pour ses amis persécutés par les sbires de Pol Pot. Sa maison évoque ce pays où il se sentait chez lui. Il avait même envisagé d’y finir ses jours comme il nous l’a dit à plusieurs reprises.

Que là où il est, il puisse enfin dire : « je suis bien avec moi-même et avec les autres ».




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